Les problèmes que connaissent les habitants du Nord du Mali, épicentre de la dernière rébellion, sont identifiés de longue date pour certains ˗ sous-emploi général, défaut d’infrastructure, vulnérabilité sanitaire ˗ et plus récemment pour d’autres ˗ climat d’insécurité dû aux trafiquants de drogue et aux groupes religieux extrémistes, retour des soldats touaregs de l’armée libyenne suite à la chute de Kadhafi, avec d’importantes quantités d’armes. A la source du conflit récent, au cours duquel a été déclarée l’indépendance de l’Azawad, ces réalités sont facilement identifiables par l’État et par les autres acteurs (ONG, etc.), même si la mise en place de solution n’est pas évidente. Mais, beaucoup moins concrets et moins évidents, très peu évoqués car beaucoup plus flous et souvent relégués au second plan, d’autres facteurs jouent un rôle important dans la marginalisation ressentie par les Touaregs maliens et dans leur sentiment de relégation. Il s’agit des représentations et de l’image accordée aux Touaregs dans l’imaginaire national. L’image d’une identité est impalpable et abstraite, donc souvent délaissée, notamment quand d’autres urgences sont à traiter. Mais, dans le sens où elle détermine le regard que porte sur les Touaregs toute la population du Mali, dont les autorités politiques et les Touaregs eux-mêmes, elle n’a pas une fonction artificielle. La communication que nous proposons porte sur l’image des Touaregs dans le roman national tel qu’il se présente dans les manuels scolaires maliens du secondaire depuis 1990. Elle pose la question du poids des représentations dans les rapports qu’ont entretenu les Touaregs avec l’État malien depuis l’indépendance et qui pourrait expliquer en partie que le ciment national n’ait pas collé.